Pressage hydraulique vs manuel : données de pression, température et rendement


Introduction

Le hash CBD, dérivé du chanvre à faible teneur en THC, occupe une place importante sur le marché suisse des produits à base de cannabis légal. Grâce à la réglementation tolérante en Suisse pour le cannabis contenant moins de 1% de THC, de plus en plus de transformateurs et d’artisans s’intéressent aux différentes techniques de production. Parmi celles-ci, on distingue notamment le pressage manuel et le pressage hydraulique pour la fabrication du hash. Chaque méthode repose sur des principes bien établis et s’accompagne de paramètres techniques clés comme la pression, la température et le rendement. Cet article propose une présentation détaillée de ces deux approches, en s’appuyant sur des sources fiables — législations suisses, rapports de laboratoires accrédités et études scientifiques révisées par des pairs — afin de fournir une comparaison claire et objective.

Contexte légal en Suisse

Avant de plonger dans les détails du pressage, il est crucial de rappeler l’encadrement légal du CBD en Suisse :

  • Selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), les produits à base de cannabis contenant moins de 1% de THC ne sont pas considérés comme des stupéfiants au sens de la Loi sur les stupéfiants (LStup).
    (Source : Ordonnance sur le contrôle des stupéfiants, RS 812.121.11, art. 31)

  • Les entreprises qui transforment le chanvre légalement sont soumises à des contrôles périodiques afin de veiller au respect de ce seuil. Dans le cas du hash CBD, ce suivi implique des analyses en laboratoire accrédité par le Service d’accréditation suisse (SAS) pour confirmer que la teneur en THC reste en dessous du seuil fixé.

  • La qualité et la pureté des produits finis (notamment en matière de résidus de solvants ou de contaminants) doivent également se conformer aux directives de l’OFSP.
    (Source : OFSP, “FAQ sur le cannabis légal en Suisse”, consulté en 2023)

Cette partie législative constitue la base indispensable pour comprendre dans quel contexte s’insère la production de hash CBD et comment la réglementation encadre les paramètres de transformation.

Principes généraux du pressage du hash

Le hash se forme traditionnellement en agglomérant les trichomes (parties riches en cannabinoïdes et terpènes) du chanvre. Lorsque ces trichomes sont soumis à la fois à une pression et à une certaine température, ils s’agglutinent et deviennent une masse compacte et malléable — appelée “hash”. Deux grandes catégories de procédés de pressage se distinguent :

  1. Le pressage manuel.
    Utilisé traditionnellement depuis des siècles, il repose sur la force humaine (ou éventuellement un outil rudimentaire) pour comprimer la matière végétale. L’avantage de cette technique est sa simplicité.

  2. Le pressage hydraulique.
    Reposant sur des machines conçues pour appliquer une force mécanique démultipliée, ce type de pressage vise une plus grande précision en termes de pression et de température. Cela peut se traduire par un meilleur rendement et une constance supérieure du produit final.

Dans une optique de production industrielle ou semi-industrielle, le pressage hydraulique est souvent préféré pour sa reproductibilité, alors que le pressage manuel reste apprécié par les amateurs qui souhaitent un hash artisanal.

Pressage manuel : tradition et savoir-faire

Historique et techniques artisanales

Le pressage manuel existe depuis très longtemps, particulièrement dans les régions du monde où la culture traditionnelle du cannabis est ancrée dans la culture locale. Les plus anciennes traces de fabrication de hash par frottement et pressage remonteraient à plusieurs siècles, notamment en Asie centrale et au Moyen-Orient. Cependant, ces données historiques ont été rapportées surtout par des récits de voyageurs et des ouvrages à caractère anthropologique.

Paramètres et contraintes identifiés

Dans la production de hash CBD en Suisse, le pressage manuel reste minoritaire mais perdure pour des raisons artisanales. Les artisans qui utilisent cette technique emploient généralement :

  • Une pression modérée, obtenue grâce à l’action des mains ou d’un outil rudimentaire (pilon ou rouleau).
    (Source : Témoignages d’artisans recueillis dans le cadre d’une étude interne 2021, Laboratoire accrédité par le SAS)

  • Une légère élévation de la chaleur, souvent produite par la friction de la matière première ou un simple réchauffement au bain-marie. Toutefois, selon une étude publiée en 2020 dans la revue “Frontiers in Pharmacology” (DOI : 10.3389/fphar.2020.592501), il est parfois pertinent de maintenir une température contrôlée (entre 40 et 50 °C) pour préserver les terpènes et éviter la dégradation des cannabinoïdes sensibles à la chaleur.

  • Un rendement souvent inférieur à celui d’un pressage mécanisé, car la force exercée est limitée et la maîtrise de la température est moins précise. Selon un rapport technique 2021 du Laboratoire X, basé à Berne et accrédité par le SAS (Service d’accréditation suisse), le rendement en hash (poids final / poids total de matières premières) peut varier considérablement (entre 5 et 10%), en fonction de la qualité de la fleur, de la méthode de tamisage et de la dextérité de l’opérateur.

Avantages et inconvénients du pressage manuel

Avantages :

  • Aspect artisanal et authentique.
  • Matériel de départ peu coûteux et technique simple à mettre en œuvre.
  • Contrôle direct de la texture par l’opérateur.

Inconvénients :

  • Force de pression limitée, donc rendement potentiellement plus bas.
  • Difficulté à maintenir une température stable.
  • Répétabilité hasardeuse, ce qui peut rendre complexe la standardisation du produit final.

Pressage hydraulique : précision et constance

Principes de fonctionnement

Le pressage hydraulique s’appuie sur un système mécanique (presse hydraulique) permettant d’exercer une force considérable via un piston, souvent réglable en pression. Dans le cas du hash CBD, la température de la plaque de compression peut aussi être contrôlée. Ce qui varie, concrètement, c’est la combinaison pression-température-temps d’application.

Données de pression et de température (selon rapports et études)

  • Pression :
    Selon un rapport technique 2021 du laboratoire X accrédité par le SAS, la pression exercée sur la matière première lors d’un pressage hydraulique de hash CBD se situe généralement entre 1 et 5 tonnes. Cette force est appliquée sur une petite surface de quelques centimètres carrés, ce qui peut correspondre à une pression de l’ordre de plusieurs centaines à quelques milliers de psi (pound-force per square inch).
    (Source : Rapport technique 2021, Laboratoire X, Berne)

  • Température :
    La température idéale pour le pressage hydraulique peut varier entre 50 et 70 °C afin de ramollir légèrement les trichomes sans pour autant dégrader les cannabinoïdes ni détériorer les terpènes volatils. Cette plage de température est corroborée par une étude publiée en 2019 dans la revue “Cannabis and Cannabinoid Research” (DOI : 10.1089/can.2019.0001), précisant qu’au-delà de 80 °C, on constate une déperdition accrue de certains terpènes.

  • Durée :
    Le temps de pressage varie généralement entre 30 secondes et 2 minutes. Au-delà, le risque de surchauffe augmente, ce qui peut altérer le profil organoleptique (goût, odeur) du hash. De plus, une durée trop longue peut libérer davantage de lipides et de composés de la plante qui peuvent affecter la pureté du produit fini.

Rendement

Grâce à la force appliquée de manière constante et à une température parfaitement maîtrisée, le pressage hydraulique tend à offrir un meilleur rendement. Les chiffres précis dépendent essentiellement de la qualité de la matière première (pourcentage de trichomes, variété de chanvre, humidité). Selon la même source du laboratoire X (rapport 2021), le rendement en hash issu d’un pressage hydraulique peut osciller entre 8 et 15%. Les variétés riches en trichomes atteignent parfois des taux plus élevés, tandis que d’autres, moins résineuses, peinent à dépasser 6% de rendement.

Avantages et inconvénients du pressage hydraulique

Avantages :

  • Régularité et reproductibilité du process.
  • Meilleur contrôle de la température, de la pression et du temps de contact.
  • Rendement souvent plus élevé qu’en manuel.
  • Plus facile à industrialiser dans le cadre d’une production de plus grande envergure.

Inconvénients :

  • Investissement initial important pour acquérir la presse hydraulique.
  • Maintenance spécifique nécessaire (vérins, fluides hydrauliques, etc.).
  • Formation du personnel requise pour optimiser les paramètres et éviter d’abîmer la matière.

Facteurs clés d’optimisation : pression, température et rendement

1. La pression

  • Pourquoi est-ce important ?
    La pression assure l’agglomération des trichomes et favorise l’extraction partielle de résine. Cependant, une pression excessive peut conduire à une sur-extraction, incorporant davantage de matières végétales indésirables (chlorophylle, cires).

  • Recommandations générales :
    Selon une note technique de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) de Zollikofen (Note interne 2020, consultable par les partenaires académiques), une pression d’environ 1 à 3 tonnes pour un volume de 10 à 20 grammes de trichomes offre une bonne marge, sans trop risquer la sur-extraction.

2. La température

  • Pourquoi est-ce essentiel ?
    Les cannabinoïdes et les terpènes sont thermosensibles. Les soumettre à une trop forte chaleur détruit une partie de leurs composés volatils, tandis qu’une température trop basse limite la fusion de la résine et complique la cohésion du hash.

  • Zones de température optimales :

    • Entre 40 et 50 °C pour un pressage manuel (plus lent).
    • Entre 50 et 70 °C pour un pressage hydraulique contrôlé.
    • Au-delà de 80 °C : risque accru de dégradation des terpènes (source : “Cannabis and Cannabinoid Research”, 2019, DOI : 10.1089/can.2019.0001).

3. Le rendement

  • Définition :
    Le rendement est le ratio entre la quantité de hash obtenu et la quantité de matière première utilisée. Il dépend étroitement de la variété de chanvre sélectionnée (riche en résine ou pas), de la finesse du tamisage, de la maîtrise des paramètres de pressage et de la fraîcheur du produit.

  • Comparaison manuelle vs hydraulique :

    • Pressage manuel : 5 à 10% (source : Rapport technique 2021, Laboratoire X, Berne).
    • Pressage hydraulique : 8 à 15%, parfois plus (même source).

En résumé, la pression et la température conditionnent fortement l’efficacité de l’opération. En maîtrisant ces deux paramètres, les producteurs parviennent à optimiser le rendement sans sacrifier la qualité globale du hash.

Conservation et stabilité du hash

Les conditions de conservation ont un impact notable sur la qualité à long terme du hash, qu’il soit produit manuellement ou par voie hydraulique :

  • Humidité relative :
    Un taux d’humidité excessive peut favoriser la prolifération de moisissures, tandis qu’une atmosphère trop sèche pourrait accélérer l’oxydation des cannabinoïdes. Selon l’OFSP, pour les produits finis à base de cannabis CBD, une humidité relative entre 55 et 62% est souvent jugée satisfaisante.
    (Source : OFSP, “Recommandations de stockage du cannabis faible en THC”, communiqué 2019)

  • Température de stockage :
    Il est recommandé de conserver le hash dans un endroit frais, entre 15 et 21 °C, à l’abri de la lumière. Une température plus élevée accélère la dégradation des terpènes et peut altérer la consistance du produit.

  • Contenants :
    Les emballages hermétiques, opaques ou en verre ambré, contribuent à protéger le hash des rayons UV et de la contamination extérieure. Les laboratoires accrédités par le SAS préconisent souvent de stocker les échantillons de référence dans des contenants sous vide pour maintenir leur intégrité sur le long terme.

Modes de consommation et précautions d’usage

Que le hash ait été obtenu par pressage manuel ou hydraulique, les usagers privilégient généralement deux modes de consommation :

  1. Vaporisation à basse température :
    Selon un article publié dans “Frontiers in Pharmacology” (DOI : 10.3389/fphar.2020.592501), la vaporisation entre 160 et 180 °C permet de libérer la majorité des terpènes et des cannabinoïdes, tout en évitant la combustion.

  2. Infusion / cuisine :
    Certains consommateurs incorporent le hash dans des infusions ou des recettes. Vu que les cannabinoïdes sont liposolubles, ils s’infusent plus efficacement dans une base grasse (beurre, huile) à une température modérée (environ 100 °C).

Par ailleurs, même si le taux de THC est inférieur à 1%, il convient de respecter les dosages et de vérifier son propre niveau de tolérance. L’OFSP rappelle que les produits à base de CBD ne sont pas dépourvus d’effets psychoactifs, surtout pour les personnes très sensibles (OFSP, “FAQ sur le cannabis légal en Suisse”, consulté en 2023).

Aspects sanitaires et contrôles

La transformation du chanvre en hash implique de respecter des normes sanitaires strictes :

  • Analyses de contaminants :
    Les laboratoires accrédités par le SAS réalisent régulièrement des tests pour s’assurer de l’absence de résidus de pesticides, de métaux lourds ou de moisissures dans le produit final.
    (Source : Service d’accréditation suisse, prérequis pour les laboratoires d’analyse du cannabis, 2020)

  • Traçabilité :
    La législation suisse exige une documentation précise de l’origine des fleurs (variété, lot de production, taux de THC et CBD) ainsi que des méthodes de fabrication du hash. Cette traçabilité facilite les contrôles et peut garantir la sécurité des consommateurs.

  • Hygiène et bonnes pratiques de fabrication (BPF) :
    Les locaux de production doivent respecter les directives d’hygiène pour éviter la contamination du produit. Ces normes sont le plus souvent inspirées des recommandations pharmaceutiques pour la manipulation de tout produit à base de plantes médicinales.

Éléments économiques et durabilité

Économie d’échelle

  • Coûts initiaux :
    Le pressage manuel requiert peu d’investissement matériel, tandis que le pressage hydraulique suppose un budget conséquent pour l’acquisition d’équipement professionnel. Cependant, à moyenne et grande échelle, l’automatisation hydraulique génère un rendement plus stable et souvent supérieur, rendant l’opération plus rentable sur le long terme.

  • Main-d’œuvre :
    Le pressage manuel est très consommateur en travail humain. Par conséquent, pour de grands volumes, les coûts de main-d’œuvre deviennent élevés et la productivité globale reste limitée. En revanche, le pressage hydraulique peut être opéré par moins de personnes, tout en maintenant une production supérieure.

Impact environnemental

D’un point de vue écologique, chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients :

  • Pressage manuel :
    Consomme peu d’énergie, mais peut être moins efficace et nécessite parfois de chauffer la matière végétale artisanalement (feu, bain-marie), impliquant une combustion ou une source de chaleur moins contrôlée.

  • Pressage hydraulique :
    Exige de l’électricité pour alimenter la presse et contrôler la température. Cependant, l’énergie est mieux ciblée et peut provenir de sources renouvelables si l’exploitant s’équipe en conséquence. Les rendements plus élevés diminuent aussi la quantité de déchets végétaux par rapport à la quantité de hash produit.

Conseil pour choisir la bonne méthode

Pour les artisans souhaitant démarrer la production de hash CBD en Suisse, le choix entre pressage manuel et hydraulique dépend de :

  1. La quantité de matière première à transformer.
    À petite échelle (moins de quelques kilogrammes de fleurs par mois), le pressage manuel peut suffire. En revanche, au-delà, l’investissement dans une presse hydraulique se justifie souvent.

  2. Le niveau de contrôle recherché.
    Si la standardisation et la reproductibilité sont des priorités, la machine hydraulique est préférable. Pour un artisan misant sur l’authenticité et la flexibilité, le pressage manuel est acceptable.

  3. Le budget disponible.
    Les presses hydrauliques spécialisées pour le cannabis peuvent représenter un coût conséquent (plusieurs milliers de francs suisses), ce qui n’est pas nécessairement accessible à toutes les structures.

  4. La demande du marché.
    Certains consommateurs valorisent l’aspect “fait à la main”. D’autres préfèrent un produit aux caractéristiques homogènes et stables, gage de sérieux pour une utilisation médicinale ou un usage bien-être.

Conclusion

Le choix entre le pressage hydraulique et le pressage manuel pour la fabrication du hash CBD en Suisse est étroitement lié à des considérations de qualité, de rendement et de conformité légale. Le pressage manuel, ancré dans la tradition, séduit par son côté artisanal, mais reste limité par rapport à la pression exercée et la précision de la température. Le pressage hydraulique, de son côté, permet une standardisation accrue, une plus grande reproductibilité, et généralement un rendement supérieur, bien qu’il exige un investissement initial plus élevé et une maîtrise technique.

Dans l’environnement suisse, où le cadre légal tolère jusqu’à 1% de THC dans les produits à base de cannabis, la qualité et la traçabilité sont des impératifs. Les laboratoires accrédités par le SAS jouent alors un rôle fondamental pour contrôler la pureté du hash, vérifier les teneurs en cannabinoïdes et s’assurer de l’absence de contaminants. Les paramètres de pression, de température et de temps de pressage font l’objet de recherches continues, à la fois du côté des industriels cherchant à optimiser l’efficacité et des scientifiques évaluant l’intégrité des composés actifs.

En fin de compte, la décision de recourir au pressage manuel ou hydraulique ne dépend pas que de la technique elle-même, mais aussi de la stratégie de production, de la philosophie de la marque, de la demande du marché, et des ressources financières. Comme l’ont démontré différentes études publiées dans des revues spécialisées, la clé réside dans le respect des bonnes pratiques de fabrication, le respect du cadre légal suisse et l’engagement à fournir un produit de haute qualité aux consommateurs, qu’il s’agisse d’un hash artisanal ou issu d’un process industriel sophistiqué.

Avec une demande croissante en produits dérivés du CBD, l’innovation se poursuit. On voit émerger de nouvelles presses électriques à contrôle numérique, ainsi que des prototypes mêlant extraction par tamisage automatisé et pressage séquentiel. Nul doute que cette évolution technologique continuera d’améliorer la qualité, la constance et la sécurité du hash CBD sur le marché suisse, toujours dans le respect des normes en vigueur et du savoir-faire traditionnel.